La leucémie lymphoïde chronique (LLC), le type de leucémie le plus fréquent chez l’adulte, se caractérise par une production, une prolifération et une accumulation accrues de lymphocytes B matures mais dysfonctionnels dans le sang, la rate, les ganglions lymphatiques et la moelle osseuse. Malgré les avancés récentes dans les interventions thérapeutiques, la LLC reste une maladie incurable, associée à des besoins médicaux non satisfaits.
Une caractéristique bien établie d'une grande variété de cancers dont la LLC est l'augmentation du taux général de traduction (le processus de production des protéines à partir de l'information génétique contenue dans les ARN messagers), dont celle de certains oncogènes et, par conséquent, l’accumulation d’un niveau excessif et anormal de protéines. Des molécules pouvant bloquer la traduction recèlent donc un grand potentiel thérapeutique pour le traitement de la LLC.
Dans ce contexte, les docteurs Etienne Moussay, Jérôme Paggetti, et Anne Largeot du groupe de recherche Tumour Stroma Interactions du Luxembourg Institute of Health (LIH), en collaboration avec l’Université de Liège, ont lancé le projet T3L2, qui vise à étudier la régulation de la traduction dans les cellules B de la LLC et dans les cellules immunitaires de leur microenvironnement, dans le but d’explorer comment une inhibition ciblée de la traduction uniquement dans les cellules tumorales et immunosuppressives pourrait freiner la progression de la maladie.
Dr Etienne Moussay, Chef du projet de recherche T3L2
Plus précisément, l’équipe étudiera les anomalies spécifiques du processus de traduction survenant dans les cellules cancéreuses et les facteurs qui contribuent aux changements observés, afin de pourvoir tester différentes stratégies pour bloquer ou moduler la traduction dans la LLC. De plus, le projet se concentrera aussi sur un certain type de cellules immunitaires du microenvironnement tumoral, notamment les cellules T régulatrices (Treg), afin de déterminer comment manipuler le processus de traduction pour améliorer la réponse immunitaire anti-tumorale et résoudre le problème de la résistance aux traitements.
Le projet ne se limite pas à étudier ces mécanismes dans le laboratoire, mais vise à traduire les découvertes dans le contexte clinique. « Nous allons explorer les données cliniques disponibles afin de définir des biomarqueurs de réponse aux traitements actuels et à l'inhibition de la traduction chez les patients atteints de LLC ainsi que de sa forme plus agressive, le syndrome de Richter », ajoute le Dr Moussay.
Les chercheurs testeront aussi des nouveaux médicaments candidats ciblant différents processus impliqués dans la traduction directement dans des échantillons de patients. « Notre projet a le potentiel d’améliorer l’efficacité des thérapies actuelles en se penchant sur des mécanismes cellulaires jusqu’à présent peu explorés dans le contexte de la recherche contre le cancer, ce qui fait de T3L2 une étude pionnière et hors du commun », conclut le Dr Largeot.
T3L2 est cofinancé par la Fondation Cancer et par le Fonds National de la Recherche (FNR), pour un total de 830 000 €.
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