Augmentation de l'incidence des cancers chez les jeunes : un phénomène préoccupant

Une tendance mondiale en hausse

Depuis quelques décennies, une augmentation notable du nombre de nouveaux cas de cancers chez les individus de moins de 50 ans est observée à l'échelle mondiale. Une étude publiée en 2023 dans BMJ Oncology¹ a révélé que, entre 1990 et 2019, le taux de cancers dans cette tranche d'âge a presque doublé, enregistrant une hausse de 79 %. Les types de cancers les plus concernés incluent les cancers colorectaux, les cancers de l’estomac, du sein et de l’appareil respiratoires (trachée, bronches et poumons).

Plus récemment, une étude française² publiée le 3 mars dernier par Santé publique France, en collaboration avec l'Institut national du cancer, a analysé l'incidence des cancers chez les adolescents et jeunes adultes âgés de 15 à 39 ans entre 2000 et 2020. Les résultats montrent une augmentation moyenne de 1,62 % par an de l'incidence des cancers chez les jeunes, entre 2000 et 2014, suivie d'une légère diminution de 0,79 % par an entre 2015 et 2020.

Certains types de cancers ont connu une hausse significative sur l'ensemble de la période étudiée, notamment :

• les lymphomes de Hodgkin, cancers du système lymphatique : +1,86 % par an,
• les liposarcomes, cancer des tissus graisseux : +3,68 % par an,
• les cancers colorectaux, c’est-à-dire localisés dans le colon ou le rectum : +1,43 % par an,
• les cancers du sein : +1,60 % par an.

Certaines tumeurs agressives du cerveau, les glioblastomes, seraient également concernées avec une augmentation de +6,11 %. Ce chiffre doit néanmoins être confirmé par des études ultérieures.

À ce jour, aucune étude ne traite spécifiquement de la situation au Luxembourg. Toutefois, bien que les données recueillies en France ne puissent être appliquées directement à notre contexte en raison de différences démographiques, culturelles, économiques et sociales, il demeure essentiel d'observer celles des pays voisins afin de repérer d'éventuelles tendances à surveiller dans le Grand-Duché.

Facteurs de risques potentiels

Même s’il est probable que l’augmentation observée puisse, en partie, être expliquée par l’évolution des pratiques de diagnostic et d’un meilleur encodage/suivi des cas de cancers, d’autres hypothèses sont avancées pour expliquer cette augmentation des chiffres des cancers chez les jeunes.

Parmi les facteurs de risque potentiels, on retrouve les habitudes alimentaires modernes, riches en aliments ultra-transformés et en viande rouge et pauvre en fruits et en certains minéraux tels que le sodium ou le calcium. D’autres facteurs de risques mentionnés sont la sédentarité, l'obésité, la consommation d'alcool et de tabac, ainsi que l'exposition à des substances chimiques présentes dans l'environnement.

Importance de la prévention et de la recherche

Face à cette tendance inquiétante, il est essentiel de renforcer une nouvelle fois les efforts de prévention pour encourager des habitudes de vie plus saines. Les messages ne changent pas ; il faut soutenir une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et limiter la consommation d'alcool et de tabac.

Les campagnes de prévention ont déjà prouvé leur efficacité dans le passé. Par exemple, les campagnes en faveur des protections solaires ont contribué à réduire l’incidence des mélanomes chez les jeunes : -3.05%/an en moyenne, en France, sur la période 2000-2020.³

De plus, une sensibilisation accrue aux symptômes précoces et aux programme de dépistage pourraient améliorer les taux de détection précoce et les résultats thérapeutiques pour cette population.