Madrid, Espagne — Chez les patientes atteintes d’un cancer du sein précoce, la pratique d’un jeûne de courte durée (moins de trois jours) à chaque cycle de chimiothérapie améliore la qualité de vie liée à la santé, sans effets néfastes notables, selon les résultats d’une petite étude randomisée présentés en late-breaking au congrès de l’European Society of Medical Oncology (ESMO 2023)[1].
Les nouvelles données apportées par l’étude s’ajoutent à celles suggérant que des jeûnes de quelques jours pendant la chimiothérapie peuvent réduire la toxicité et les effets secondaires du traitement, a indiqué la Dre Daniela Koppold (Charité University Medicine, Berlin, Allemagne), lors de sa présentation.
« De manière remarquable », le jeûne a également permis dans cette étude d’éviter la fatigue, un problème fréquent chez les patientes avec un cancer du sein, a ajouté la cancérologue.
60 à 72 heures de jeûne par cycle
Invité à commenté l’étude, le Dr Jann Arends (Freiburg University Medical Center, Freiburg, Allemagne) a indiqué que les résultats s’accordent avec ce qui a déjà été observé. « Chez des sujets sans risque de malnutrition, un jeûne de court durée est possible, bien toléré et semble améliorer plusieurs paramètres liés à la qualité de vie ».
Dans cet essai contrôlé randomisé, les chercheurs ont évalué la faisabilité et l’impact d’un jeûne court sur la qualité de vie lié à la santé en comparaison avec un régime alimentaire végétarien sans sucres raffinés (groupe contrôle). Selon le protocole, le jeûne s'accompagnait de jus et des bouillons de légumes (environ 200 kcal/jour).
La chimiothérapie incluait quatre cycles de doxorubicine ou d’épirubicine suivis d’un traitement à base de taxane. Le jeûne ou le régime alimentaire contrôle était initié un à deux jours avant chaque chimiothérapie, puis interrompu 24 heures après la fin du cycle, soit une durée totale de 60 à 72 heures par cycle.
Entre les cycles de chimiothérapie, les patientes des deux groupes étaient invitées à adopter un régime alimentaire majoritairement végétarien, mais sans obligation.
L’essai a inclus 106 femmes atteintes d’un cancer du sein précoce. La qualité de vie lié à la santé a été déterminée à l’aide du questionnaire FACT-G (Functional Assessment of Cancer Therapy-General), qui utilise 27 items pour évaluer l’état physique, la dimension familiale et sociale, ainsi que le bien-être émotionnel et fonctionnel sous thérapie anticancéreuse.
Effet cumulatif du jeûne
Les résultats montrent une amélioration de la qualité de vie plus nette dans le groupe pratiquant des jeûnes courts.
A l’inclusion, les patientes des deux groupes présentaient des scores FACT-G similaires (82,9 en moyenne dans le groupe jeûne vs 81,9 dans le groupe régime végétarien). Après le début du quatrième cycle de chimiothérapie, le score était de 78,3 à J7 avec le jeûne contre 69,5 dans le groupe contrôle. La différence est significative.
Sources : Medscape